Fallait bien que ca arrive! Je ne peux pas vous raconter que les merveilles de ce pays. Jusqu'ici je vous ais epargne la liste des horreurs: mendiants de tout ages qui deambulent entre les rickshaws, les bidonsvilles (je devrais dire cartons et ferraille villes), les gens qui n'ont pas d'autre choix que de faire leurs besoins le long du chemin de fer (donc spectacle scatologique tous les matins en route vers le bureau), les familles qui se refugient sous les ponts pendant les averses, l'inquietude de ne pas savoir ou vont ces gens quand l'eau monte, les femmes qui grimpent dans les bennes a ordure pour trouver un repas,.... Je ne vous en parlais pas parce que je suis impuissante et se lamenter du sort des autres ne les aide pas.
Je me suis betonnee et je ne souffre pas de ce spectacle parce que je ne compte pas rester impuissante et je cherche activement quoi faire, et je progresse dans mes recherches. Je veut faire quelque chose pour l'education et l'information des femmes puisqu'elles sont les plus touchees, et les plus aptes a controler les naissances, l'hygiene et la securite de base. Malheureusement,la plus part des roles sont des fonctions a plein temps, et/ou il faut parler Hindi. Mais il est possible que je puisse intervenir a un autre niveau: communication, sensibilisation. Il ne me reste plus qu'a trouver une organisation reellement independante donc pas corrompue, ou pas trop, et c'est pas une mince affaire.
Si aujourd'hui je souleve le rideau et vous montre l'envers du decor, c'est parce que j'ai vu quelque chose d'atroce. En sortant de la gare, dans une rue tres animee, entre 2 marchants de legumes, j'ai vu un vieil homme etendu par terre, la tete sur une grille d'egouts, inerte, le visage en sang, recouvert de mouches. je ne sais pas s'il etait vivant ou mort. Rien dans la rue ne pouvait indiquer que cet homme gisait la, il n'y avait pas d'attroupement, personne ne regardait, personne ne reagissait. Je l'ai vu parce que je suis observatrice, sinon je serais passee a cote sans le differencier d'un tas d'ordures.
Est-ce que les passants, eux, l'ont confondus avec des ordures? Possible! Mais les commercants autour? Pourquoi est-ce que personne ne reagissait?
Je n'ais pas ose m'arreter, j'ai a peine ralenti. Qu'est-ce que je pouvais faire?
Arrivee au bureau, on m'a explique que personne ne reagissait pour eviter les embrouilles avec la police. Si on amene quelqu'un des rues a l'hopital, ou appelle la police, c'est le debut d'un grand cauchemard administratif avec la police qui peut durer une eternite, et le patient ne sera pas pris en charge tant que les multiples papiers ne seront pas remplis, approuves, signes,....
Heureusement, j'ai fini par trouver le numero d'une ONG qui m'a promis de s'en charger sur le champs, mais je les ais appele 1h30 apres ma decouverte, alors est-ce qu'il est encore la? Etait-il vivant quand je l'ais vu, mais mort depuis?
Le plus choquant dans l'histoire, c'est que je ne suis absolument pas traumatisee.
Avant je pleurais devant le JT, les publicites pour les ONG et les documentaires sur le tiers monde.
Aujourd'hui je suis temoin d'horreurs et ca m'empeche pas d'aller prendre mon petit dej a la cantine, discuter de la fete de depart de mes collegues, negocier ma caution d'appart, et ce soir j'irai manger dans un beau restau avec mon ami editeur pour Vogue, comme si cette misere n'existait pas.
J'ai conscience que de me priver des belles choses de la vie n'aidera pas ces gens, et que, au contraire, en sortant et en rencontrant ceux qui ont les moyens de changer les choses, je serai utile.
C'est comme si ma conviction que s'appitoyer ne servait a rien avait aneanti cette emotion debordante.
J'en suis perplexe....
mercredi 26 septembre 2007
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